Le Lavallois Martin Latreille et son compagnon Nelson Rouleau avaient chacun un bon emploi et une vie plutôt sécure au Québec. Puis, à la mi-trentaine, ils ont décidé de faire un virage drastique en s’attaquant à un projet doux et fou au Costa Rica. Le Courrier Laval les a rencontrés.
Lors de deux voyages dans ce pays, leur intérêt s’est fixé sur le village de Puerto Viejo de Talamanca, sur la mer des Caraïbes. Là, ils ont visité une plantation de cacao.
C’est à ce moment qu’a pris naissance le projet de se lancer en affaires dans cette région. Ça tombait bien: ils ne voulaient pas attendre la retraite pour vivre la vie qu’ils envisageaient.
Ainsi, ils ont abandonné leur emploi, Martin chez Rogers, Nelson comme designer graphique. Ils ont vendu des actifs, dont deux immeubles à revenus. Peu de temps après, ils inauguraient Choco, une boutique qui veut offrir une expérience complète, «une sorte de forfait spa chocolaté», précisent les compères. Puerto Viejo est maintenant leur nouveau domicile, pour le meilleur ou pour le pire.
De Fabreville à la côte costaricaine
Martin Latreille est un pur produit lavallois (Nelson Rouleau vient de Saint-Jean-de-Dieu, près de Trois-Pistoles).
Il est né et a vécu à Fabreville où il tient toujours la même adresse.Il a été élève à Poly-Jeunesse et Curé-Antoine-Labelle, mais a choisi de ne pas aller au CÉGEP et d’entrer sur le marché du travail.
Il a d’abord travaillé chez Botanix (angle A-440 et Curé-Labelle) puis comme gestionnaire chez Rogers pendant près de 14 ans avant de se lancer dans l’aventure costaricaine en couple. «Mais on vote encore à Laval», prend-il le temps de préciser.
Martin est une personne qui apprécie la stabilité, et, dans la griserie de cette aventure récente, il n’oublie pas ses habileté de gestion; il sait planifier.
Poursuivre le rêve pendant qu’on le peut
La décision n’a pas été prise à la légère.
«Tout le monde n’a pas la même tolérance au risque ou le goût d’affronter un choc culturel et une déstabilisation financière», rappelle Martin. Le couple estime avoir investi plus de 50 000$ dans cette aventure.
«Nous ne vivons pas encore de ce commerce, mais il s’auto-finance à 100%. Nous vivons de nos réserves et c’est planifié ainsi pour quelque temps. Nous avons trois employées costaricaines. Nous pourrions nous verser un salaire, mais nous préférons le réinvestir, par exemple dans la promotion.» Sage décision de bon gestionnaire. Nelson ajoute: «On ne manque de rien et on fait ce qu’on aime.»
Révélation en visitant une plantation
Le déclic est survenu en 2013, quand Martin a lu un article parlant de Québécois partis s’établir au Costa Rica. Après un premier voyage dans ce pays, Nelson et lui ont parcouru le Pérou, l’Équateur, le Panamá et le Nicaragua, mais rien n’a égalé à leurs yeux la richesse du Costa Rica.
Surtout, il y avait une niche à occuper.
«Notre guide nous a parlé des fabricants de chocolat dans la région, raconte Martin. On s’est rendu compte que le tourisme chocolatier n’existait pas. On a donc vu une opportunité d’affaires.» La porte était ouverte.
Pourtant, on ne débarque pas à l’improviste dans un pays étranger pour y fonder commerce.
M. Latreille explique: «C’est un pays qui facilite beaucoup les investissements étrangers. Toute personne ordinaire peut le faire, moyennant une dose de détermination. Les autorités locales sont accueillantes et nous n’avons pas eu à affronter de tentatives de corruption, ce que l’on pouvait craindre, malheureusement.»
Le cacao costaricain est de haute qualité. Les produits Cho.co, pour la plupart à 70% de cacao, ne contiennent ni lécithine de soya ni gras ajouté, ce qui les rend encore plus nourrissants, le cacao étant considéré comme un aliment miracle comme antioxydant. Le commerce a accueilli presque 10 000 clients depuis son ouverture en décembre 2017.
Concept novateur
La raison d’être de Cho.co est de promouvoir le chocolat artisanal local, mais Martin Latreille et Nelson Rouleau ont plusieurs idées pour bonifier le concept de base.
«Quand on a loué cet espace, on a appris que le bail incluait un permis d’alcool», raconte Nelson. Ne faisant ni une, ni deux, les propriétaires font maintenant savourer à leurs clients des combinaisons d’alcool et de chocolat.
«Nous avons développé des mariages de chocolat et de rhum, de bières artisanales ou de vin. On a tous entendu parler de vin et fromages, mais rarement de vin et chocolats.»
Martin sait vendre les attraits de leur commerce. «La région de Puerto Viejo affiche une grande diversité culturelle. Cette région côtière moins connue des touristes est très riche en plages, paysages et activités. Dans notre région, la production du cacao et la fabrication du chocolat est 100% locale, équitable et bio. Nous contribuons au développement économique de ces agriculteurs.»
Alors, on y va comment?
Pour se rendre là-bas, il faut atterrir à San José, où on peut prendre un billet d’autobus (10$) pour faire le trajet de 70 km… qui peut prendre cinq heures! Le taxi le fait plus rapidement, mais c’est 20 fois plus cher.
On peut également prendre prendre un vol intérieur vers l’aéroport de Limon, près de Puerto Viejo, qui pourrait d’ailleurs devenir un aéroport international.
Information: site cho.co.cr, courriel martin@cho.co.cr, téléphone +506 6363 4274 (Costa Rica), 438 408 5174 (Québec).