C’est à l’aveuglette que le conseil municipal a approuvé l’indemnité de départ de 617 000 $ à verser au directeur général Jacques A. Ulysse.
Réunis hier en assemblée extraordinaire, les élus ont entériné à 14 voix contre 4 la recommandation du comité exécutif sans même connaître les motifs ayant mené à la rupture du lien d’emploi avec le DG de la Ville en début de semaine.
Les conseillers municipaux du parti au pouvoir – Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer – ont voté en bloc en faveur de l’entente alors que les conseillers de l’opposition qui prenaient part au vote s’y sont opposés.
Après 15 minutes d’échanges stériles avec le maire Boyer, l’épais mystère entourant les raisons du départ précipité du plus haut fonctionnaire de la Municipalité demeurait impénétrable.
Se retranchant derrière les clauses de confidentialité scellant l’entente, le maire a fait valoir que l’essentiel était connu, soit le montant de la prime convenue entre les parties. Tout le reste est «d’ordre confidentiel», a-t-il dit en affirmant que «le bien public» est au cœur de cette entente à l’amiable.
Questions sans réponse
«Pourquoi on paie une indemnité de départ à Monsieur Ulysse; pourquoi Monsieur Ulysse s’en va?» a d’abord demandé le chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, au maire Stéphane Boyer en évoquant l’éloge qu’il venait d’en faire.
«S’il y a un motif sérieux et raisonnable, c’était tout à fait dans le pouvoir du conseil municipal en vertu de la loi et de sa charte de congédier Monsieur Ulysse […]; mais à ce que j’ai entendu du discours de monsieur le maire, ça ne semble pas le cas. Alors pourquoi Monsieur Ulysse s’en va?» a-t-il insisté.
Sa collègue Louise Lortie en a rajouté: «Si Monsieur Ulysse était si bon, pourquoi on ne l’a pas gardé? Et s’il avait des difficultés, pourquoi on lui donne 617 000 dollars?»
La conseillère dans Marc-Aurèle-Fortin a précisé qu’elle ne cherchait pas à connaître le fin détail des négociations entre le maire et son DG, mais bien un minimum d’information afin qu’elle puisse voter en toute connaissance de cause.
À cet égard, l’élu d’Action Laval Paolo Galati a rappelé que le conseil municipal était le fiduciaire des finances publiques à Laval et que la décision de verser plus d’un demi-million de dollars à un employé avec lequel on rompt le lien d’emploi ne devait pas être prise à la légère.
«[Jacques Ulysse] part très rapidement avec une somme assez colossale, a aussi fait remarquer M. Larochelle. Vous comprendrez que ça laisse beaucoup de questions en suspens». Aux fins de comparaison, le leader de Parti Laval a évoqué les conditions qui avaient entouré en 2018 le départ du directeur général de la Ville de Montréal, Alain Marcoux, dans la foulée de l’élection de la mairesse Valérie Plante. Avec plus de trois ans à écouler à son contrat, M. Marcoux avait quitté sans indemnité de départ avec un préavis de trois mois.
Face à ce barrage de questions, le maire Boyer est resté de glace, martelant que tout ce qui regarde les dossiers d’employé est confidentiel et qu’il n’étalerait pas sur la place publique la nature des échanges qu’il a eus avec son directeur général.
Nicholas Borne sur le grill
Dans les minutes qui ont suivi cette séance extraordinaire, les élus reprenaient l’assemblée municipale qui avait été ajournée le 7 février.
Le Parti Laval en a profité pour relancer le débat, interpellant avec insistance Nicholas Borne qui siège au comité exécutif d’où émanait la recommandation d’approuver la convention à intervenir entre le DG et la Ville.
La question posée et reposée: connaît-il, oui ou non, les motifs du départ de Jacques Ulysse?
«Personne n’a la moindre idée ce sur quoi on a voté», a conclu Claude Larochelle devant l’absence de réponse de M. Borne.
Une demi-heure plus tôt, le Courrier Laval courriellait le cabinet du maire afin de savoir si les membres du comité exécutif – outre le président Stéphane Boyer – étaient au fait des motifs à l’origine des négociations ayant mené au départ du directeur général. La question demeure entière.
«Les modalités de fin d’emploi de M. Ulysse sont soumises à des clauses de confidentialité. La somme versée, répondant aux obligations de la Ville, a été divulguée par souci de transparence. Aussi, l’entente convenue a été entérinée par le comité exécutif. Nous ne ferons pas d’autres commentaires relatifs à cette entente», nous a répondu l’attachée de presse Elizabeth Lemay.