(NDLR: Contrairement à ce qu’on pouvait lire lors de la mise en ligne de ce texte, les travaux de rénovation, de restauration et d’agrandissement du complexe patrimonial André-Benjamin-Papineau coûteront 6,8 M$ et non pas 8,6 M$. Nos excuses.)
Au dernier conseil municipal, les élus ont adjugé un contrat de 6,8 M$ à Hulix Construction visant la phase 1 des travaux de rénovation, de restauration et d’agrandissement du complexe patrimonial André-Benjamin-Papineau.
Toutes taxes incluses, la facture s’élève à un peu plus de 2,5 M$ que les coûts estimés au départ, une hausse de 59 % du budget projeté.
Un seul soumissionnaire
Des quatre entrepreneurs généraux à avoir levé la main au moment de l’appel d’offres public, seul Hulix Construction allait finalement déposer une soumission. Or, tel que l’autorise la Loi sur les cités et villes en pareille situation, le Service responsable de la gestion contractuelle a tenté, mais en vain, de négocier un prix à la baisse auprès d’un soumissionnaire intransigeant.
La Ville s’est alors tournée vers Solutions EPCC inc., un estimateur indépendant, pour réévaluer les coûts du projet en tenant compte des conditions actuelles du marché de la construction. Résultat, l’estimation initiale de quelque 4,3 M$ a été révisée à 5,2 M$, ce qui réduisait à 30 % l’écart avec le prix soumis.
«Ce projet est complexe et demande une expertise particulière étant donné son aspect patrimonial», fait valoir le Service de l’approvisionnement et des achats dans un sommaire décisionnel daté du 22 décembre dernier et présenté au comité exécutif. Il ajoute que «l’écart s’explique par l’enjeu d’une pénurie de main-d’oeuvre ainsi que la volatilité du marché face aux coûts et l’incertitude d’approvisionnement des matériaux de construction».
Lieux désertés
Ces travaux, dont la durée est évaluée à un an, ciblent la maison historique et le bâtiment voisin qui abrite le Café de la grange, tous deux «en mauvais état, fermés et non accessibles depuis plusieurs années».
Érigée en 1820, la maison André-Benjamin-Papineau, transformée depuis en galerie d’art en plus d’héberger l’Association lavalloise pour les arts plastiques (ALPAP), est inoccupée depuis qu’elle a été frappée d’une inondation, a indiqué le conseiller municipal de Vimont et président du Comité de toponymie à la Ville, Pierre Brabant, une fois la résolution adoptée le 11 janvier. Quant au bâtiment annexe, sa structure jugée instable a également eu pour effet de rendre les lieux inaccessibles.
Dans la foulée des travaux, on agrandira la maison afin d’y assurer un accès universel.
Histoire et patrimoine
Menacée il y a une cinquantaine d’années par la construction de l’autoroute 13, la maison en pierre a été relocalisée un peu plus à l’est en 1974 à la suite des pressions exercées par la Société d’histoire de l’île Jésus (connue aujourd’hui sous l’acronyme SHGIJ) et des citoyens préoccupés par la protection du patrimoine bâti.
La même année, le gouvernement du Québec élevait cette demeure située au 5487, boulevard Saint-Martin Ouest au rang de bien culturel du patrimoine québécois. Neuf ans plus tard, en 1983, la Ville s’en portait acquéreur.
Maison rurale typique de la première moitié du 19e siècle, elle est célèbre pour avoir été habitée par André-Benjamin Papineau de 1832 à 1886 (son père l’avait faite construire 12 ans plus tôt).
Son illustre occupant, notaire de profession très impliqué dans la paroisse, fut le premier maire élu de la nouvelle municipalité de Saint-Martin fondée en 1855, alors quatrième municipalité formant l’île Jésus. Il occupera la mairie jusqu’en 1860.
Cousin de Louis-Joseph Papineau, chef du Parti patriote, il participa à la bataille de Saint-Eustache, le 14 décembre 1837, lors la rébellion des Patriotes. À cette époque, André-Benjamin Papineau venait d’être élu par acclamation député de Terrebonne à l’Assemblée législative du Bas-Canada (aujourd’hui l’Assemblée nationale), laquelle sera abolie le 27 mars 1838 à la suite insurrections de 1837-1838.