Le délai d’accès à l’information en raison de la langue ainsi que le fait d’occuper un emploi plus risqué ou d’avoir un membre de la famille occupant un tel emploi font partie des explications à la grande partie de personnes immigrantes décédées de la COVID-19.
Les besoins des personnes immigrantes, dont certains étaient déjà non comblés avant la crise sanitaire, ont été exacerbés par la pandémie, selon un rapport conjoint produit par huit organisations en lien avec la santé et la qualité de vie de la population.
C’est grâce à une revue de littérature, un sondage auprès de 700 personnes immigrantes vivant au Québec depuis 7 ans ou moins et les observations de plusieurs organismes desservant cette population que le rapport a pu être élaboré.
Faits saillants
La crise de COVID-19 a mis en lumière les défis de que doivent surmonter les personnes immigrantes tels que l’obtention de service, la francisation et la recherche d’emploi ou de logement à distance.
«La littérature examinée nous apprend que toutes les sphères de la vie des personnes immigrantes sont affectées par la crise sanitaire et que les inégalités préexistantes se sont aggravées», indique François Fournier, chercheur à l’Observatoire québécois des inégalités.
D’ailleurs, l’accès à des éléments de base se sont aussi fragilisés.
Les demandes dans les banques alimentaires de certains quartiers pluriethniques ont triplé durant la pandémie.
Également, le nombre d’actes racistes et de crimes haineux envers les Québécois d’origine asiatique à Montréal aurait quintuplé depuis mars 2020.
Intégration
Les délais de traitement des dossiers se sont accentués et ceux-ci tendent à miner le bien-être mental et physique des familles. Ils font également obstacle à des projets futurs de réunification familiale.
La pandémie a aussi réduit l’accès à la francisation, une clé essentielle à l’intégration socio-culturelle et à l’accès au marché du travail.
Un tiers des parents immigrants (35%) vivant depuis 7 ans ou moins au Québec déclare ne pas avoir été en mesure d’utiliser le matériel du ministère de l’Éducation pour poursuivre les apprentissages à la maison lors des périodes de confinement.
Conciliation travail-étude
Le rapport indique qu‘une personne en télétravail sur 5 (21%) considère que son aménagement à la maison n’est pas adéquat pour travailler ou étudier.
Cela peut être causé par un logement exigu ou bruyant, un manque d’équipement ou de branchement internet suffisant et autres.
Il montre aussi que le manque d’accès à un service de garde prive une famille sur deux d’un deuxième revenu. Les enfants sont confiés à une proche ou un membre de la famille (26%) ou demeurent avec le parent qui ne travaille pas (24%).
L’accès à des places subventionnées dans un service de garde aurait des bienfaits à la fois pour le niveau de vie de la famille immigrante dans son ensemble que pour l’égalité des sexes, l’intégration des enfants à la société québécoise et leur développement.
«Nous espérons que ce rapport servira de pierre d’assise pour des actions qui mèneront rapidement à l’amélioration de leur qualité de vie, souligne Thomas Bastien, directeur général de l’Association pour la santé publique. Pour nos différentes organisations, il s’agit d’une priorité.» (J.B.)