Plus d’une centaine de Lavallois ont participé à un speed-dating interculturel amical au centre communautaire Régent-Martimbeau, à Vimont, samedi le 11 novembre.
L’organisme SCAMA en collaboration avec Femme en emploi a organisé cet événement dans le cadre de la 20e édition de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles. Au cours de la semaine du 6 au 12 novembre, le gouvernement finançait toutes sortes d’activités notamment dans les organismes communautaires.
Rencontre amicale mais profonde
L’idée des organisateurs n’était pas seulement d’initier les échanges : «On voulait des rencontres directes, des discussions sur des questions profondes, que les gens ne fassent pas juste parler de la pluie et du beau temps», explique Émilie Leboeuf, chargée de projet chez SCAMA.
Placés en binôme, les participants devaient piger une question et avaient ensuite une dizaine de minutes pour en discuter.
L’objectif était à la fois de créer des liens, mais surtout de démystifier des préjugés ou biais qui existent envers les autres groupes culturels. «En lui parlant, tu vas réaliser que t’as peut-être plus de points communs avec cette personne-là que tu pensais», raconte Émilie Leboeuf. Avec ce format, tout le monde a pu parler avec plusieurs personnes.
Pour Marjorie Eliacin, adjointe à la coordination chez Femme en emploi, l’appréhension devant ce concept a vite été dissipée après les retours des participants : «On a dû mettre un terme à l’activité parce que le temps avançait. Ils voulaient continuer à parler, à échanger.»
La journée semble être mission accomplie pour les deux organismes. «L’expérience était touchante mais aussi amusante», souligne Claudia Sarracini, assistance à SCAMA pour le projet DICI Intergénérations. Les participants ont apprécié leurs échanges et en ont même redemandé. «Des fois, les gens ne voulaient même pas changer après 10 minutes tellement ils étaient dans la discussion», ajoute Émilie Leboeuf.
L’activité a aussi permis «de briser l’isolement, souligne Marjorie Eliacin, je pense que les [personnes] ont pu trouver un moyen de s’exprimer […] Je pense que ça leur a fait un bien fou de pouvoir non seulement se confier, mais aussi savoir qu’elles ne sont pas seules».
En parallèle, des participants ont vécu l’expérience à l’aveugle. Racisme et souvenirs d’enfance sont des exemples de sujets abordés. «C’était intéressant, parce que les participants se sont parlé de sujets quand même sensibles, sans se connaitre, sans se voir», note Émile Leboeuf. Ces discussions se retrouveront plus tard dans des capsules vidéo.
Après le speed-dating, le Théatre Parminou a offert une conférence théâtralisée afin de sensibiliser aux différentes réalités vécues par les personnes immigrantes et racisées, en particulier les femmes.
Défi d’inclusion
L’évènement était ouvert à tous. Les organismes ont tenté de rejoindre de potentiels participants via leur communauté et les réseaux sociaux. À eux deux, ils touchaient des populations diversifiées.
SCAMA œuvre depuis 40 ans pour le maintien à domicile de la population de Chomedey. Sa clientèle englobe des Lavallois majoritairement issus de l’immigration et originaires du Moyen-Orient tandis que Femme en emploi soutien des femmes issues de l’immigration ou en situation de précarité pour favoriser leur intégration sociale et professionnelle à Vimont. Cet organisme touche une clientèle plus afro-canadienne.
Selon SCAMA, le défi était surtout de rejoindre des personnes de la culture majoritaire. Pourtant, «c’est important pour ces gens-là de venir à la rencontre des différents groupes culturels minoritaires qui vivent au Québec, qui cohabitent avec eux, qui contribuent à la société québécoise», plaide Émilie Leboeuf.
D’autant plus, que selon SCAMA, les défis que vivent les immigrants sont encore grands. De l’inclusion à la société d’accueil, à l’apprentissage de la langue, en passant par la compréhension des processus administratifs, c’est tout un parcours pour ces personnes.
Selon Claudia Sarracini, «il manque encore de la sensibilité dans la société d’accueil, il y a beaucoup à faire pour comprendre les enjeux». Elle souligne de plus que la discrimination et le racisme font encore partie des obstacles.