Hier soir, le conseil municipal a résilié le contrat de services professionnels qui liait la Ville à la firme d’architectes Affleck de la Riva, jusque-là responsable de l’aménagement et de la mise aux normes de l’hôtel de ville de Laval déserté depuis 2021.
Une décision appuyée par une recommandation conjointe des Services de l’approvisionnement et de la planification et réalisation des projets.
En assemblée extraordinaire, le maire Stéphane Boyer a évoqué une «collaboration très difficile» avec l’adjudicataire qui, en 2022, avait déposé une première réclamation d’honoraires professionnels additionnels de 1,4 M$, laquelle s’était soldée par une indemnisation de 760 000 $ en médiation.
«Malgré la quittance signée l’été dernier, on se retrouve avec une autre série de demandes d’extras que nous considérons injustifiées, a poursuivi le maire tout en précisant que les discussions des dernières semaines pour tenter de régler la situation ont été vaines. Malheureusement, le lien de confiance est rompu».
De 23 à 55 M$
Initialement estimés à 23 M$, les coûts ont plus que doublé en 2021 pour s’établir à 55 M$ à la suite de l’élaboration du programme fonctionnel et technique (PFT). Cet exercice de planification allait révéler l’ampleur des travaux touchant, entre autres, à la décontamination et à la mise aux normes nécessaires, explique Jonathan Lévesque, conseiller aux affaires publiques à la Ville, dans un échange de courriels. «Cela est sans compter l’augmentation du coût des matériaux», ne manque-t-il pas d’ajouter.
Trois ans de retard
À pareille date en 2019, la Ville convenait d’un bail de 4 ans avec le gestionnaire du 3131, boulevard St-Martin Ouest pour y reloger jusqu’au 30 avril 2024 sa Direction générale, son Service du greffe, le cabinet du maire, les bureaux de l’opposition et la salle du conseil.
Assorti d’une option de renouvellement de 12 mois additionnels, ce bail avait été prolongé de 6 mois en 2021, soit jusqu’au 31 octobre 2024.
À la dernière assemblée régulière du conseil, le 5 décembre, on prolongeait à nouveau le bail, cette fois pour une période de deux ans menant au 31 octobre 2026 à un coût total de 1,9 M$, avant taxes.
Or, selon une information émanant du cabinet du maire le 13 décembre, la prise de possession de l’hôtel de ville est maintenant prévue pour le premier trimestre de 2027.
Début des travaux et appels d’offres à venir
Le 12 décembre, les élus ont également entériné l’octroi du contrat de la première phase de travaux qui consistera en le démantèlement des systèmes électromécaniques, le dégarnissage et la décontamination de l’hôtel de ville.
La firme Les Entreprises Géniam, qui a obtenu le contrat au prix de 3,4 M$, débutera les travaux préparatoires au début de l’année 2024.
Parallèlement, la Ville lancera trois nouveaux appels d’offres (architecture et architecture du paysage; mécanique, électrique et télécommunications; structure et civil) auprès des firmes professionnelles afin de compléter la conception du nouvel hôtel de ville, de produire les plans d’exécution et d’assurer la surveillance des travaux.
«La Ville fait preuve d’une grande vigilance et suit de près les impacts liés au contexte inflationniste dans le milieu de la construction, notamment à ce qui a trait à la hausse des coûts des matériaux», soutient l’administration Boyer dans un communiqué publié le 13 décembre.
Bâtiment historique
Inauguré en novembre 1964 par René Lévesque, alors ministre des Richesses naturelles dans le cabinet de Jean Lesage, l’édifice situé au 1, place du Souvenir était, à l’origine, le Centre civique de Chomedey avant de devenir, l’année suivante, l’hôtel de ville de Laval.
C’est le maire de Chomedey et premier maire de Laval, Jean-Noël Lavoie, qui l’avait fait construire en 1963, deux ans après avoir fusionné les ex-municipalités de L’Abord-à-Plouffe, Renaud et Saint-Martin.
Immeuble au design avant-gardiste au moment de sa conception, il avait valu à ses concepteurs de remporter le premier concours en architecture au Québec.
L’hôtel de ville porte la signature d’Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold, Michaud et Sise, une agence de réputation internationale qui avait également contribué à la réalisation de la Place Ville-Marie et créé, entre autres, le design de la Place Bonaventure et de la Place des Arts.