Arthur Miller a écrit ce drame en en 1953, en plein maccarthysme et sa paranoïa anticommuniste. Son ami Elia Kazan venait d’être victime de cette chasse aux sorcières.
«Dans une bibliothèque, Miller va tomber sur les comptes rendus du procès de Salem et lui trouver de nombreuses similitudes avec les méthodes du Comité sur les activités antiaméricaines mis sur pied par Maccarthy, raconte Martin Lavigne. Il y trouve ce même groupe de personnes qui manipule et intimide pour influencer un autre groupe d’individus et arriver à ses fins.»
À l’époque, Arthur Miller a également intégré des éléments plus personnels en imaginant un triangle amoureux. Lui-même vivait des tensions au sein de son couple alors qu’il entretenait une liaison adultère devenue célèbre avec l’actrice légendaire Marilyn Monroe.
La trame
Abigaïl Williams est amoureuse de son maître, John Proctor. Elle a été chassée par sa maîtresse, Elizabeth Proctor, qui a découvert la relation adultère de son mari. Pour se venger, Abigaïl se prête naïvement à des jeux de sorcellerie pour récupérer l’homme qu’elle aime. À partir de ce moment, des rumeurs circulent dans le village alléguant la présence du diable à Salem.
La situation dégénère. Accablés par la peur, les villageois et les autorités se laissent manipuler par la jeune femme. Un procès est alors intenté pour ouvrir une chasse aux sorcières. Des innocents sont accusés de sorcellerie et passibles de peine de mort. John Proctor tente de renverser le tribunal pour ainsi faire la lumière sur la vérité. Qu’arrivera-t-il de tous ces gens accusés à tort?
«C’est une histoire invraisemblable se reproduisant encore de nos jours, rappelle Martin Lavigne. Ces gens sont allés jusqu’à exiger des mensonges des enfants de personnes condamnées. Pourtant, au milieu de cette tragédie, on rit beaucoup, car l’absurdité et la superficialité de ces gens, qui ne veulent pas creuser plus loin, deviennent risibles.»
Adaptation essentielle
La version originale de l’œuvre comprend 23 personnages et dure trois heures et demie. La production québécoise a été ramenée à l’essentiel du drame avec 12 rôles et une durée de 90 minutes.
«Les meilleurs auteurs écrivent beaucoup, indique Martin Lavigne, qui a travaillé deux ans sur le projet. Sur scène, on ne peut pas tout dire et ressentir. Il a fallu resserrer tout en gardant la richesse des personnages, l’une des grandes forces d’Arthur Miller.»
Le public retrouvera les thèmes chers au dramaturge à qui l’on doit aussi Mort d’un commis voyageur, Ils étaient tous mes fils et Vu du pont, soit la déchéance et la lucidité entre le microcosme de la famille et l’empreinte plus globale de la société.
Jeu d’urgence
Notons que la distribution comprend notamment Pierre Gendron, Mireille Deyglun, Élisabeth Duperré, Pierre Chagnon, Sylvie Potvin, Paul Dion, Christine Lamer, Jean-François Blanchard et Stéphanie Crête-Blais.
«Nous sommes en mars 1692 et le diable vient de débarquer dans le village! d’ajouter le metteur en scène. J’ai beaucoup travaillé sur la panique intérieure, ce sentiment de vie et de mort très intense dans le rythme cardiaque. Ça ne peut pas être calme!»
La Comédie Humaine présente «Les Sorcières de Salem», une pièce d’Arthur Miller, mise en scène de Martin Lavigne, le vendredi 11 mars, à 20h, à la Salle André-Mathieu (475, boulevard de l’Avenir). Information: 450 667-2040.