Depuis l’humoriste Korine Côté début avril, ensuite Fred Pellerin, le samedi 29 mai, les artistes ont recommencé à défiler sur les planches d’une salle André-Mathieu adaptée aux mesures sanitaires nécessaires en ce contexte de pandémie de la COVID-19.
Après la prestation donnée la veille par Andréanne A. Malette et celle des Barr Brothers prévue le lendemain, le conteur de Saint-Élie-de-Caxton a exprimé une joie contagieuse de retrouver la scène et le public.
«Quand on a tout arrêté, j’étais au tiers d’une tournée de contes avec encore 50 dates à faire, et j’ai toujours 50 dates à faire, de relater Fred Pellerin. J’ai décidé de gosser un spectacle de chansons sur la table de la cuisine en attendant.»
Au fil de ses classiques interprétés devant les 154 sièges occupés sur les 825 que comprend d’ordinaire la salle André-Mathieu, Fred Pellerin a réalisé à quel point sortir voir un spectacle avait manqué aux gens.
Chacune de ses allusions aux aléas de la dernière année et demie passée dans l’incertitude d’une crise sanitaire mondiale a fait mouche.
Dès la note finale des Au commencement du monde, Tenir debout, L’étoile du Nord, et la fort symbolique en ce début de déconfinement Amène-toi chez nous, puis sans oublier le mini conte désopilant offert en introduction de Je m’envolerai, ainsi que la finale lumineuse orchestrée au rythme de La chanson du camionneur et Silence, ce n’est pas la distanciation de deux mètres qui a freiné un public masqué d’acclamer l’un des enfants chéris de la culture québécoise.
«Le public est heureux de revenir et respecte les mesures sanitaires mises en place»
– Erika Palmer, directrice des opérations chez [co]motion
Mesures sanitaires
En plus des affiches visibles sur la devanture de l’entrée principale, les spectateurs sont désormais accueillis par des préposés s’enquérant d’abord si leur masque est porté depuis un temps maximum de quatre heures.
Si tel est le cas, on leur en offre gracieusement un nouveau, après les avoir invités à se désinfecter les mains. Il est ensuite recommandé de se rendre immédiatement aux toilettes.
Notons que le vestiaire et le bar demeurent fermés jusqu’à nouvel ordre et qu’il est interdit de consommer boisson et nourriture une fois assis à sa place.
«Pour respecter les mesures de distanciation intérieures qui seront fixées à un mètre et demi quand nous passerons en zone jaune, nous pourrons ajouter des places et passer à 200 sièges disponibles, d’expliquer Erika Palmer, directrice des opérations chez [co]motion. Pour l’instant, les gens demeurent répartis par duo, avec de deux à trois bancs entre chaque bulle.»
Également, une rangée sur deux a été sacrifiée pour permettre d’espacer sécuritairement chaque tandem de spectateurs. Dans le foyer, un plan permettant une circulation fluide a aussi été établi à l’aide de flèches sur le sol.
L’été dernier, les responsables de [co]motion ont consacré leurs énergies à comprendre les règles, dont plusieurs étaient sujettes à de constants changements, souvent de dernière minute.
« Nous avons élaboré un guide de retour en salle autant pour le personnel que le public, de préciser Erika Palmer. Ç’a aussi impliqué l’achat de matériels dont deux vaporisateurs pour désinfecter les bancs de la salle. Nous nous sommes consultés entre les différentes salles pour trouver le bon appareil. Avec l’aide du gouvernement et de la ville de Laval, on s’en tire pas si mal finalement.»
Nombreux défis
À l’emploi de la Ville de Laval durant cinq ans, Erika Palmer a rejoint [co]motion en janvier 2020, huit semaines avant que le Québec ne soit mis sur pause par le gouvernement Legault.
«Ç’a été un gros choc pour tout le monde, se souvient-elle. D’abord, on nous a annoncé 30 jours de fermeture, puis ç’a été beaucoup plus long. Nous avons pu rouvrir une première fois du 17 au 19 septembre, le temps de trois spectacle de rodage Juste pour rire, avant de reprendre les spectacles.»
Les deux performances de l’humoriste Simon Gouache, le 3 avril, ont notamment été l’occasion de s’adapter au couvre-feu, qui est heureusement levé depuis le 28 mai.
Toutefois, certaines activités ont pu être assurées durant le confinement en zone rouge, dont plusieurs captations audiovisuelles en préproduction, telles Louis-Jean Cormier, Marc Dupré et l’Orchestre symphonique de Laval.
Ces rares occasions de travailler n’ont malheureusement pu empêcher un sérieux enjeu de faire surface, soit le départ de nombreux techniciens.
De 25 % à 30 % de cette main-d’œuvre spécialisée a quitté en raison d’un arrêt aussi long dans les arts de la scène. Peu surprenant quand on sait que depuis mars 2020, 183 spectacles sont été reportés et qu’on a dû faire face à 183 annulations dont la série Les Grands Explorateurs.
Notons que ces prochaines semaines et prochains mois, d’autres artistes seront de passage dont Dumas (26 juin), David Goudreault (28 juin), Bobby Bazini (22 septembre), Roch Voisine (7 octobre) et 2Frères (8 octobre), ainsi que 20 spectacles d’humour inscrits en juillet et août.