«On lance un dialogue avec les citoyens», d’affirmer Pierre Brochet, directeur du Service de police de Laval (SPL), alors qu’une consultation s’amorce pour lutter contre la discrimination raciale et sociale sur l’île Jésus.
En collaboration avec la direction générale de Laval, cette démarche fait partie des mesures récemment annoncées par la Ville dans le document «Nouveau regard sur le Service de police de Laval».
On veut recueillir les préoccupations des citoyens, obtenir des données pertinentes, ainsi qu’un portrait et des recommandations en matière de discrimination raciale et sociale à Laval.
Pierre Brochet annonce que, menée par une firme indépendante, cette conversation publique permettra «d’écouter et comprendre l’état de la situation en lien avec la discrimination raciale et sociale. [Après l’événement Georges Floyd aux États-Unis] Il y a eu une prise de conscience collective, mondiale du profilage racial. Personne ne peut commencer à dire que ça n’existe pas.»
«Laval est une ville à échelle humaine qui a le souci de créer et d’entretenir le sentiment d’appartenance et de sécurité des citoyens, ce sentiment qui s’ancre dans la conviction de faire partie d’une collectivité et de participer à un projet commun», souligne Jacques A. Ulysse, directeur général de la Ville de Laval, via communiqué.
«On veut des données objectives et concrètes de la situation [discrimination raciale et sociale] et comprendre. On veut agir. »
– Pierre Brochet, directeur de la police de Laval
Intervention controversée
Pour Pierre Brochet, les vidéos ayant circulées sur une intervention musclée du SPL, le jour même des événements en sol américain, n’ont rien à voir avec la consultation actuelle de la Ville et son service de police.
Le chef du SPL appelle à la prudence envers la source des images captées et fait confiance au Commissaire à la déontologie policière du Québec qui poursuit actuellement une enquête indépendante sur cette action hautement médiatisée.
«Depuis que je suis entré en poste il y a sept ans, on a très peu d’éléments laissant croire à un profilage racial de nos policiers, mais ils demeurent des humains, précise Pierre Brochet. Peut-être y’a-t-il des gens ayant été victimes de discrimination raciale et sociale et qui n’ont jamais osé porter plainte. On veut voir c’est quoi la réalité.»
Divers volets
Ce Dialogue avec les citoyens débutera dès le mois d’août. Plusieurs moyens seront déployés en respect des consignes de santé publique liées à la pandémie. Jusqu’à novembre, une caravane citoyenne circulera dans différents lieux publics pour échanger avec les Lavallois.
Des ateliers et des groupes de discussions virtuels seront également organisés. Un questionnaire sera également mis en ligne auquel tous les citoyens pourront répondre.
«En plus d’un sondage auprès de tous les citoyens, nous irons voir nos policiers afin d’avoir un diagnostic complet prévu d’ici la fin d’année, ajoute le chef Brochet. Nous élaborerons ensuite un plan d’action qui sera présenté au Sommet interculturel de Laval, prévu au printemps 2021.»
Grande participation souhaitée
Le directeur du SPL espère maintenant que les citoyens se mobiliseront «et nous amèneront des réponses» malgré le début des vacances et le contexte difficile relié à la COVID-19.
«Pour nous améliorer de façon continue, nous devons connaître les attentes et besoins des citoyens, incluant la compréhension des interventions policières par la population, mentionne-t-il. Nous devons encore mieux identifier les besoins de formation ou de sensibilisation de nos policiers.»
Le Comité consultatif sur les relations interculturelles de Laval ainsi que le Comité jeunesse, créés par la Ville en 2019, seront des partenaires importants de cette démarche jamais vue dans l’histoire de Laval, troisième municipalité en importance au Québec.
C’est qu’à terme, une structure de vigie des relations avec les citoyens sera mise en place. «Nous voulons un dialogue constant des citoyens avec les policiers, explique Pierre Brochet. Une fois par mois, les gens pourront parler via le Web avec les agents responsables de leur secteur. Nous sommes et serons toujours une police de proximité.»