Le mercredi 30 octobre, les syndicats des enseignant.e.s et du personnel de soutien du Collège Montmorency ont présenté une exposition de photographies dans le hall d’entrée de leur établissement scolaire, illustrant la réalité de l’état des cégeps québécois.
Plafonds qui coulent, toits défoncés, escaliers brisés et toilettes condamnées ne sont que des exemples dont fait état l’exposition Les horreurs des compressions.
La dizaine de photographies récoltées par les instances syndicales montmorenciennes rend un bien piètre portrait de l’état des bâtiments réservés à l’éducation supérieure dans la province, notamment à Laval.
Investissements insuffisants?
Face à des problèmes récurrents et la décision du gouvernement Legault de suspendre les travaux liés aux infrastructures, en plus de geler les budgets destinés au mobilier, aux équipements ainsi qu’aux bibliothèques, il était clair pour les syndicats qu’il fallait agir.
«On est inquiet pour l’avenir, confie Amélie Therrien, présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM). Les annonces qui se font depuis le mois de juillet… le gouvernement a beau dire qu’on ne parle pas d’austérité, c’est dur de ne pas y croire. Pour nous, c’est le début de ça. On a l’impression de se replonger en 2015.»
Dans le rapport du Vérificateur général du Québec présenté à l’Assemblée nationale en mai, on peut lire que «les deux tiers des bâtiments sont en mauvais état» et que «les investissements prévus couvrent moins de la moitié des besoins à venir».
De 2023-2024 à 2027-2028, 608,6 millions $ sont prévus en maintien d’actifs alors que 1,7 milliard $ seraient nécessaires.
Pour le SEECM, l’exposition de photographies n’est que le début des actions syndicales dénonçant les coupures en éducation supérieure. Si les membres n’obtiennent pas de réponses satisfaisantes, ils sont prêts à aller beaucoup plus loin, en commençant par exposer les photographies dans d’autres collèges des environs.
Les deux organisations syndicales ont déposé une demande de point d’information à la Commission des études dans le but d’obtenir plus de clarté. La rencontre était prévue dans la semaine du 4 novembre.
État préoccupant
Tant du côté syndical que de l’employeur, l’état actuel du bâtiment du Collège Montmorency est préoccupant, dû à un financement inadéquat face aux besoins.
«Nous figurons parmi les cégeps les mieux classés en ce qui concerne l’état de nos infrastructures, précise Marilyn Doucet, directrice adjointe aux communications pour le Collège lavallois, tout en indiquant être d’accord avec l’action syndicale et ses objectifs. Cependant, avec un établissement âgé de plus de 50 ans, des rénovations et ajustements périodiques sont nécessaires. Notre enjeu principal actuellement est celui du manque vital d’espaces de qualité.»
Selon le SEECM, certaines améliorations seraient cruciales au bien-être de la population étudiante, comme l’ajout d’air climatisé au bloc sportif, mais l’entretien régulier de l’école bat de l’aile.
«On ose croire qu’en ce moment, c’est entretenu, témoigne la présidente, qui enseigne au sein de l’établissement depuis plus de 15 ans. Il y a certaines choses qui nous laissent croire [le contraire]: les cernes au plafond qui reviennent, des fois. Ils ont beau changer les tuiles, quelques mois plus tard, ça revient. Ça nous inquiète.»
D’ailleurs, toutes les photographies du cégep lavallois incluses dans l’exposition illustrent des situations actuelles, à l’exception d’une seule où l’on voit un néon tombé au sol.
Cette réalité est d’autant plus alarmante alors qu’une cartographie des bâtiments publics contenant de l’amiante a révélé la présence de ce matériau potentiellement dangereux au Collège Montmorency.
Besoins grandissants
En observant les photographies, les visiteurs peuvent constater que l’une d’elle dénonce le manque de places assises au Collège Montmorency.
Interpelée par le SEECM quant aux coupures en éducation, Céline Haytayan affirme avoir accusé réception de la lettre, mais le syndicat en a affirmé autrement.
Au Courrier Laval, la députée de Laval-des-Rapides a déclaré: «Le Collège Montmorency est un élément important pour notre communauté et […] j’ai des contacts réguliers avec l’établissement. Je suis bien au courant de leurs besoins. L’éducation est une priorité depuis toujours pour la CAQ et pour moi aussi. D’ailleurs, il est important de dire que jamais un gouvernement n’aura autant investi en enseignement supérieur. […] Maintenant, dans une optique de bonne gestion des fonds publics, des cibles annuelles d’investissements ont été établies pour mieux suivre les dépenses dans tous les projets d’infrastructure. […] Ce qu’on demande à nos établissements, c’est de respecter leur budget. On fait preuve de flexibilité. Après plusieurs rencontres avec les réseaux et avoir évalué la situation de chaque établissement, on s’est assuré que ces derniers soient en mesure de respecter leurs engagements et poursuivre les travaux en cours, tout en nous assurant d’avoir une planification plus serrée pour les prochaines années.»
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