Barnet Wexler et Jean-Jacques Lapointe ont respectivement atteint les 40 et 50 ans de carrière dans le domaine de l’urgence préhospitalière. Ils ont été récompensés pour leur travail distingué, le lundi 30 octobre, au Sheraton de Laval.
Barnet Wexler et Jean-Jacques Lapointe se souviennent d’un temps où la profession était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Malgré cette évolution, une chose demeure: les deux Lavallois sont passionnés depuis le premier jour.
«Qu’importe le nombre d’appels, qu’importe ce qui pouvait arriver, j’adorais ça», raconte Jean-Jacques Lapointe. Depuis l’âge de neuf ans avec les cadets ambulance de Saint-Jean, Jean-Jacques Lapointe a carburé à l’adrénaline, heureux dans sa boîte jaune.
En plus du travail d’urgence sur le terrain, l’ambulancier paramédical qui réside à Vimont a enseigné au Collège Ahunstic pendant 30 ans.
En plus de sa médaille pour ses 50 ans de carrière, Jean-Jacques Lapointe a aussi reçu une plaque pour le remercier de ses années d’enseignement. Une vidéo faite par ses élèves lui a été présentée, il est resté ému devant cette surprise.
M. Lapointe éprouve une grande fierté de voir où sont rendus ses élèves qui reçoivent aujourd’hui des récompenses pour leurs 20 ou 30 ans de carrière. «Les trois quarts des gens qui étaient dans la salle sont mes anciens élèves», révèle-t-il souriant.
Jean-Jacques Lapointe Lapointe a commencé sa carrière à l’aube des années 70. Le travail d’ambulancier ne demandait alors qu’une quinzaine d’heures de formation en comparaison des près de 3000 heures aujourd’hui.
Les brancardiers ne savaient pour la plupart pas effectuer un massage cardiaque et les équipements étaient réduits au minimum. «On n’avait rien. On regardait les gens mourir», confie M. Lapointe.
À travers les années, M. Lapointe a pu observer le nombre d’heures de formation augmenter et l’équipement se diversifier. De nos jours, les ambulanciers peuvent utiliser un défibrillateur, intuber des patients, administrer une Épipen et plus encore.
«Là, ce que j’aimerais beaucoup, c’est de voir la reconnaissance professionnelle». Il souhaiterait donc voir un ordre professionnel être créé pendant qu’il est encore attaché au domaine.
La retraite annoncée ne semble pas définitive alors que l’ambulancier paramédical de 67 ans intervient encore dans des événements comme le marathon de Montréal. «J’aimais soigner les gens, dit-il encore passionné. J’aimais intervenir, l’adrénaline, l’action.»
Révélation
«Je me sens comme si je venais juste de commencer, remarque Barnet Wexler, maintenant âgé de 62 ans. Le temps passe vite quand t’as du fun.»
Le résident de Sainte-Dorothée étudiait en chimie à l’Université Concordia le jour où un homme s’est effondré dans la rue. Ayant appris le massage cardiaque, Barnet Wexler a maintenu l’homme en vie jusqu’à l’arrivée des ambulanciers.
Ce jour-là, il a compris ce qu’il voulait faire. Il s’est précipité au registrariat, a arrêté son baccalauréat pourtant rendu à sa dernière session et il s’est inscrit en technique au cégep. «Je n’ai jamais regretté», déclare-t-il.
L’ambulancier paramédical est dévoué et toujours prêt à aider. «Même en congé, j’entends une sirène, je regarde c’est où».
Malgré le travail parfois difficile, les moments où il ne peut pas sauver ses patients ou encore lorsque des enfants sont blessés ou décédés, il souhaite toujours faire la différence.
«Même quand je ne peux pas aider, je vais trouver une façon, […] leur tenir la main, parler dans les yeux, parler de leur histoire de vie, raconte-t-il, si je peux faire une différence, une heure, une demi-heure de plaisir dans leur vie, c’est cool».
Il a même déjà téléphoné au régiment d’un ancien militaire pour avertir que son patient était hospitalisé, car il savait que c’était important pour lui.
Barnet Wexler aime beaucoup voir le visage rassuré des patients lorsqu’ils le voient arriver. Ses moments préférés sont les accouchements. Il en a eu 5 durant ses 40 années de carrière. Voir les parents émerveillés, «c’est vraiment quelque chose».
Retraite
Le travail demande beaucoup d’effort physique. «Ça, c’est le problème, plus tu vieillis, plus tu es sensible aux accidents», explique Jean-Jacques Lapointe qui a subi plusieurs accidents de travail.
Quitter sera difficile pour ces passionnés. Barnet Wexler compte tout de même prendre sa retraite à 65 ans même si ce métier «c’est toute ma vie», ajoute-t-il.
La cérémonie
Notons que la cérémonie de reconnaissance soulignait aussi les 20 et 30 ans de carrière d’autres collègues d’Urgences-santé.
Les paramédics des Premières Nations de Kanesatake et les Services médicaux d’urgence de Côte-Saint-Luc se sont joints à l’événement.
Le lieutenant-gouverneur du Québec, Michel Doyon et le ministre des Relations avec les Premières nations et les Inuits, Ian Lafrenière, chapeautaient la cérémonie.