La doctorante Charlotte Salmon et la professeure Marie-Élise Parent de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont démontré dans une étude que les hommes veufs sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate lorsque celui-ci est à un stade avancé.
Ce lien a été mis en évidence pour une première fois grâce à l’analyse de 12 études provenant du consortium international PRACTICAL. Celles-ci comparent 14 000 hommes nouvellement diagnostiqués d’un cancer de la prostate et 12 000 hommes sains.
«Ce grand bassin de sujets nous a permis de voir que les hommes veufs risquent d’être diagnostiqués plus tardivement que les hommes mariés ou en couple, précise la doctorante, dont la thèse porte sur l’isolement social et le cancer de la prostate, par voie de communiqué. Par conséquent, lorsque le diagnostic est posé, il y a plus souvent des métastases ailleurs dans le corps.»
L’environnement social a donc un facteur important à jouer, puisque la vie de couple promeut un mode de vie plus «sain».
«Sans conjoint qui encourage le malade à aller voir le médecin ou à se faire dépister, les cancers restent plus longtemps non détectés et peuvent être diagnostiqués à un stade plus avancé, ajoute Charlotte Salmon. Le pronostic est donc plus sombre»
Pour éviter cette situation, les hommes veufs devraient bénéficier du soutien de leur entourage et d’un suivi médical plus serré.
Autres hypothèses
D’autres différences dans le mode de vie, comme la consommation d’alcool et l’incidence émotionnelle du deuil, font partie des hypothèses pour expliquer ces résultats. L’alimentation est aussi un facteur de risque possible selon une étude publiée en 2020 par la professeure Parent et la chercheuse Karine Trudeau.
Des recherches futures devraient quant à elles permettre de mieux comprendre pourquoi le veuvage est associé à un plus grand risque et ainsi de développer des interventions ciblées de santé publique.
Outre l’état matrimonial des hommes, la doctorante se penchera sur le nombre de personnes cohabitant avec l’homme atteint (membres de la famille), la structure familiale, le milieu de vie (quartier défavorisé ou non) et d’autres facteurs sociaux. (N.P.)