La vedette de la sensibilisation au cancer colorectal, un Côlon Géant, s’est arrêtée à Laval le 7 octobre dernier dans les locaux d’Axion 50 plus à l’occasion du Salon des Aînés de Laval.
La Coalition canadienne contre le cancer colorectal souhaite mieux informer la population dans le cadre de la campagne de mobilisation Sauvez des fesses, sauvez des vies.
Parmi ses ambitions, la campagne voudrait arriver à ce que 60% de la population à risque moyen – les personnes de 50 à 74 ans – fasse les tests de dépistage.
Visite «organe-isée»
Ce Côlon Géant a été créé en 2009. La structure de plus de 12 mètres de long et 2 mètres de hauteur constitue une exposition surprenante dans laquelle se retrouve nombre d’informations sur le colon.
La campagne Sauvez des fesses, sauvez des vies a choisi de ramener ce support visuel en trois dimensions dans plusieurs régions incluant des communautés autochtones.
Animée par des professionnels de la santé de la région où elle est mise de l’avant, l’exposition souligne les maladies de cette partie du corps et aussi l’existence de tests de dépistage.
Avec l’aide du personnage du Dr. Preventino, ils abordent aussi le mode de vie à adopter pour une meilleure prévention.
Pour Barry D. Stein, président de Cancer colorectal Canada, ce colon en 3D est une façon amusante de découvrir un sujet sérieux.
«Pendant des années on a utilisé ce colon pour sensibiliser, parce que ça attire l’attention immédiatement». Il permet aussi de briser le tabou qui peut exister autour de cette région anatomique : «Je crois que dans certaines communautés, c’est une façon d’expliquer un problème qui est un peu difficile à discuter», explique-t-il.
Cancer évitable
Selon la Société canadienne du cancer, 24 300 Canadiens recevront un diagnostic de cancer colorectal en 2023. Il s’agit du 2e cancer le plus meurtrier au Canada. Pourtant, s’il est détecté à un stade précoce, 90% de ces cancers sont guérissables.
Une des façons d’éviter de développer un cancer colorectal est de procéder au test de dépistage communément appelé test FIT (Fecal Immunochemical Test), en français, test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi). Ce test réalisé à la maison consiste à recueillir un échantillon de selle pour qu’il soit analysé.
Si des traces de sang sont retrouvées dans les selles, cela pourrait être un signe de présence de polypes dans le colon et le patient doit ensuite effectuer une coloscopie.
Les polypes sont des excroissances qui peuvent avoir la forme de champignons. «Un polype devient cancéreux dans la plupart des cas. Ça prend de 8 à 10 ans. Alors si on enlève le polype avant que ça devienne cancéreux, on évite le cancer colorectal complètement», explique Barry Stein.
Plus de «la moitié [des cancers colorectaux] sont détectés seulement au stade 3 ou 4» qui est déjà un stade avancé «et c’est beaucoup plus difficile à traiter». Avec les tests, il est possible de repérer le cancer à un stade précoce ou même de retirer des polypes avant même qu’ils ne deviennent cancéreux.
Selon Barry Stein, l’une des raisons qui explique le haut taux de mortalité, «est que la population ne fait pas leurs tests».
Les jeunes plus malades
Plusieurs facteurs peuvent augmenter les risques de cancer colorectal comme le tabagisme, l’obésité et une diète riche en viande, mais le plus important facteur reste l’âge. Pourtant, depuis plusieurs années on remarque une «grande augmentation des personnes de moins de 50 avec le cancer colorectal».
C’est,, entre autres le cas de Barry Stein qui s’est fait diagnostiquer, à 41 ans, un cancer colorectal de stade 4 avec des métastases aux foie et poumon. «J’ai été très chanceux», souligne celui qui avait autour de 15% de chance de survivre 5 ans.
Pour l’instant, on encourage les gens à faire des tests de dépistage aux 2 ans à partir de de l’âge de 50 ans. La campagne invite toutefois les plus jeunes à le faire aussi, surtout ceux avec un historique de maladie dans la famille ou certains syndromes qui augmentent les risques.
S’il y a eu un cancer chez un proche, on recommande de commencer à faire les tests 10 ans avant l’âge du diagnostic du proche.
De plus, «le Québec est la seule province qui n’a pas lancé de programme systématique pour le dépistage du cancer colorectal». C’est-à-dire que personne ne recevra de rappel ou de trousse pour faire le test par la poste comme cela se voit dans les autres provinces. Les groupes mobilisés poussent beaucoup pour que cela soit mis en place.
L’idée de réduire l’âge du dépistage à 45 ans, comme aux États-Unis, a aussi effleuré l’esprit de ces groupes. Barry Stein se demande toutefois «est-ce que ça vaut la peine de le faire quand on n’a même pas» 40% à 60% de la population de 50-74 qui effectuent le test.
«Il reste beaucoup de travail à faire», souligne le PDG.