Le mois de septembre promeut l’achat local. Seulement, pour acheter local il faut, d’un, pouvoir identifier la provenance des produits et deuxièmement, avoir les moyens de payer ces mêmes produits. Or, après s’être penché sur la question, le Courrier Laval révèle qu’il en est plus difficile qu’il ne le paraît.
Par Jimmy Lajoie-Boucher
Depuis quelques mois, tous les politiciens et commerçants rabâchent les oreilles des consommateurs sur l’achat local. Avec les crises de l’inflation et de la main-d’œuvre, exacerbées par la pandémie, chaque pays fait la promotion de la consommation interne. En l’occurrence, il peut être laborieux dans les épiceries, entre autres, de bien identifier l’origine des aliments. Même que parfois, on affiche une information trompeuse ou carrément mensongère.
Entre tromperies et marketing
La ligne peut sembler mince entre une technique de marketing et de la tromperie pure et simple. Seulement, cette frontière semble moins opaque quand le marchand lui-même affiche deux informations complétement différentes. Comme exemple, en entrant dans un Maxi il est indiqué sur une affiche «pommes du Québec». En regardant de près lesdites pommes, il est possible de lire le nom de la marque, Prima Frutta, suivi de l’acronyme USA (États-unis) sur l’étiquette ornant le fruit.
Après vérification, Prima Frutta est effectivement une entreprise américaine, basée en Californie, dont la principale activité est la culture de pommes et de cerises. Pourtant, sur l’affiche susmentionnée il est bien écrit «provenance: Québec». L’impression rudimentaire de l’annonce laisse sans aucun doute croire qu’il est question d’un geste interne.
Questionnée sur le pourquoi d’une telle affirmation qui, de toute évidence, est fausse, la gérance de l’établissement relaye la question à son subalterne en charge des fruits et légumes. Ce dernier la relayera à son tour au directeur de l’épicerie qui conclura «je ne peux pas répondre à cette question je ne suis pas formé en la matière».
Dans le même marché, il est aussi possible de voir des nectarines du Canada provenant du Pérou et autres contradictions semblables. En poursuivant ses recherches, le Courrier Laval s’est penché sur une autre catégorie d’aliments dont le Québec est riche en ressources… les produits de la mer.
Dans plusieurs marchés d’aliments comme Maxi, mais aussi IGA par exemple, des emballages à dénomination douteuse sont ressorties. Les marques SeaQuest et President Choice vendent des crevettes du Pacifique… provenant d’Inde. Malheureusement, bien que l’Inde soit une énorme péninsule sortant dans un océan, celui-ci s’avère être l’océan Indien et nulle part sur son territoire le pays ne frôle l’océan Pacifique.
Encore, la Marque Green Choice, elle, vend des «crevettes sauvages d’Argentine» transformées au Vietnam, avant de traverser une deuxième fois le monde pour finir sur nos étagères. Un long voyage qui fourvoie le consommateur quant à la réelle provenance du produit. Pratique un peu excentrique, mais légale pour le coup.
La Vasco & co vend quant à elle du saumon de Norvège transformé en Pologne. Toutefois, un fait est plus dérangeant. Certains marchands ont voulu éviter toute ambiguïté possible en omettant simplement d’inscrire la provenance des produits sur leur emballage. Misant de la sorte sur l’acceptation passive du consommateur.
Outre la provenance, le prix de l’achat local
Les recherches effectuées ont aussi permis de constater qu’il n’est pas donné à tous d’acheter local. La pomme, fruit emblématique par excellence du Québec, est moins chère sinon au même prix que ses concurrentes. Celles en provenance des États-Unis, du Chili ou des Fiji se vendent entre 2,49$ et 2,99$ la livre. Quant à celles de la belle province: minimum 2,49$ la livre.
Pour obtenir le fruit, et ce, du Québec, il faut se replier sur les réserves de l’année dernière qui se vendent, certes, 1,29$… tout de même. Autre fruit commun et qui est produit ici, la tomate. Celle-ci se vend 2,99$ la livre contre sa comparse mexicaine qui elle, se vend seulement à 2,49$ la livre.
Pour les produits de la mer, il y a la sole, un poisson qui ne manque pas au Québec. Elles se vendent 36,35$ le kilo contre 20,92$ pour celles qui proviennent de Chine, à titre d’exemple. La tendance est similaire pour les autres produits de même nature comme la truite canadienne à 33,05$ le kilo contre 31,95$ pour celle du Pérou. De quoi se questionner lorsque vient le temps d’aller à l’épicerie.
Pour le présent article, une réponse de l’Office de protection du consommateur est toujours attendue.
JLB| Initiative de Journalisme Local