Derrière la réorganisation de la haute fonction publique municipale lavalloise se dresse l’ambitieux objectif de dégager à moyen terme une marge de manœuvre de 200 millions de dollars.
Ce mois-ci, le conseil municipal entérinait le remaniement proposé par le directeur général de la municipalité, Jacques A. Ulysse. Trois de ses quatre directeurs généraux adjoints (DGA) changent de chaise alors que celui qui demeure à son poste se voit confier des responsabilités additionnelles.
Second grand rebrassage depuis l’arrivée en poste de M. Ulysse en 2018, le nouvel organigramme de la haute direction permettra de «briser les silos» et rendre l’appareil municipal «plus efficient» en cette période de grands défis économiques, explique le maire Stéphane Boyer en entrevue au Courrier Laval.
«À la suite des élections [en novembre dernier], j’ai partagé avec le directeur général nos ambitions et orientations et la volonté de réaliser nos engagements électoraux, d’être plus efficace à livrer nos grands projets et de créer de nouveaux services pour les citoyens sans augmenter les taxes au-delà de l’inflation.»
Trois mois plus tard, les DGA commençaient «à s’échanger leurs dossiers, à travailler en binôme et à procéder au transfert de connaissances», poursuit le jeune maire de 34 ans.
Mot d’ordre
Stéphane Boyer parle d’«un mot d’ordre très clair» envoyé à ces hauts fonctionnaires desquels relève l’ensemble des services municipaux: dégager une marge de manœuvre de 200 M$ le plus rapidement possible, idéalement d’ici les 4 prochaines années, dit-il.
L’idée n’est pas de sabrer 20 % dans le budget de la Ville, mais plutôt d’accélérer l’entrée de nouveaux revenus et d’en diversifier les sources.
«Laval a bon an, mal an des projets de nouvelles constructions pour un milliard de dollars par année», fait valoir celui qui veut réduire les délais d’octroi de permis. Plus vite les chantiers démarrent, plus vite la Ville encaissent les taxes municipales.
La direction générale se voit également confier la responsabilité d’«explorer» l’étendue des pouvoirs en matière taxation dont jouissent les Municipalités depuis l’adoption en 2017 du Projet de loi 122.
«Jusqu’à aujourd’hui, Laval n’a pas utilisé ces nouveaux pouvoirs-là», note le maire en évoquant la Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
M. Boyer précise que les Villes peuvent «créer de nouvelles taxes» dans la mesure où celles-ci «ciblent des enjeux précis».
«Peut-on taxer davantage les grands commerces avec beaucoup de stationnement?» pense-t-il tout haut en soulignant les coûts que ces vastes surfaces minéralisées génèrent en toutes sortes de mesures pour lutter contre les îlots de chaleur et les surverses.
Par ailleurs, certaines Municipalités taxent les promoteurs et développeurs à mi-chantier, poursuit-il. «Je ne dis pas que c’est ce qu’on va faire, mais l’idée est de savoir s’il y a de nouvelles sources de financement qu’on peut aller chercher sans taxer les citoyens, sans changer le taux global de taxation.»
Défis financiers
Cette mission dont sont désormais investis les directeurs généraux adjoints n’est pas étrangère aux défis financiers qui attendent l’administration Boyer.
Qu’il suffise de penser aux 750 millions de dollars que nécessiteront au cours des prochaines années la mise à niveau des usines de production d’eau potable et stations d’épuration d’eaux usées, la réhabilitation des conduites et le contrôle des surverses.
Toujours en matière de maintien des actifs, Stéphane Boyer rappelle que «Laval s’est développée rapidement dans les années 1970 et que plusieurs infrastructures montrent des signes de faiblesse».
À cela s’ajoutent, entre autres, le développement de nouvelles infrastructures et l’acquisition de milieux naturels pour 100 M$ en quatre ans, conformément à l’engagement du Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer lors de la dernière campagne.
Autre enjeu de taille, la forte hausse des coûts du marché de la construction observée dans les soumissions d’appels d’offre publics ajoute à la pression sur les finances publiques, mentionne l’élu dont l’administration doit également compenser un «déficit important» à la Société de transport de Laval (STL) mise à mal par la pandémie.
Chaise musicale
La nouvelle structure organisationnelle à la Direction générale va ainsi :
Benoit Colette devient directeur général adjoint (DGA) – Développement et aménagement du territoire, qui regroupe, entre autres services, l’environnement, l’urbanisme et le développement économique.
À ce titre, M. Colette succède à Clément Bilodeau qui, lui, hérite de la DGA – Services administratifs et corporatifs, qu’occupait jusque-là Suzie Bélanger. Celle-ci complète le jeu de la chaise musicale, passant à la DGA – Services de proximité en remplaçant de Benoît Colette.
Quant au DGA Babak Herischi, il conserve le poste dont il est le titulaire depuis 2019. À la différence près que la DGA – Infrastructures devient la DGA – Développement, maintien et entretien des infrastructures, qui regroupe désormais la gestion des immeubles et celle des Grands projets avec les Services de l’ingénierie et des travaux publics.